Cette séquence s’inscrit dans l’unité d’apprentissage 10 (UA10) « Lire un conte ». Elle constitue le prolongement de l’unité d’apprentissage 3 (UA3, 7e année) « Lire des récits d’aventures ». À partir de deux types de contes (merveilleux et fantastique), l’apprenant découvrira leurs caractéristiques : les personnages, les schémas narratifs spécifiques, le lexique du merveilleux et du fantastique ainsi que l’usages des substituts nominaux et du passé simple. Cette séquence propose aussi un approfondissement et un renforcement des procédés narratifs déjà étudiés par l’élève comme le schéma narratif de récits ordinaires. En production écrite, l’élève mobilisera ces outils dans la préparation d’une fiche de lecture d’un conte et la production de textes narratifs selon le schéma de ce genre littéraire.
Lire et produire un conte merveilleux ou fantastique⚓
Présentation de la séquence et documents à télécharger⚓
Compétence(s) ciblée(s)
C1 : réception-interactions-production orales
C2 : lecture-compréhension
C3 : production écrite
Savoir-faire
Restituer oralement des parties d’un conte lu ou entendu.
Identifier les personnages d’un conte.
Relever les formules d’ouverture et de clôture dans un conte.
Identifier, à partir d’indices, le début et la fin d’un conte.
Préparer un questionnaire sur un conte.
En lien avec le savoir-faire précédent, préparer une fiche de lecture d’un conte.
Repérer les éléments renvoyant aux caractères magiques ou surnaturels du conte.
Savoirs
Le schéma narratif d’un conte
Le lexique du merveilleux et du fantastique
L’emploi du passé simple
Les procédés de reprise (substituts nominaux).
Prérequis
le discours direct/le discours indirect
L’emploi du passé composé et de l’imparfait.
Stratégie d’enseignement-apprentissage
Pour développer la compréhension d’un conte merveilleux ou fantastique, l’enseignant, selon une démarche participative, amènera les élèves à identifier et à interpréter les différents indices de ce genre littéraire pour les faire aboutir au sens et à la forme du conte.
Il développera à l’oral une lecture expressive d’un conte, il peut aussi faire théâtraliser certaines de ses étapes (en faisant jouer certains rôles du héros et d’autres personnages ou animaux).
Il fera faire des rapprochements entre les caractéristiques du conte étudié et d’un conte en créole que les élèves connaissent déjà ou auraient étudié en classe de créole.
Il les préparera à produire une fiche de lecture d’un conte : cette fiche sera conservée dans le portfolio de l’élève. Elle contient les éléments suivants :
l’indication du titre, de l’auteur, de l’éditeur, éventuellement d’une illustration,
les personnages,
la situation initiale, les principales péripéties, la situation finale,
ce que l’élève aura aimé dans ce conte.
Il les préparera à rédiger un conte bref ; ensuite, les élèves seront amenés à procéder à une autoévaluation.
Découpage en séances
50 minutes par séance
Séance (Titre) | Thème, place dans la séquence et très brève description |
séance 1 Lecture expressive et construction du sens d’un conte merveilleux | Cette séance met l’accent sur la lecture expressive d’un conte merveilleux, sur le jeu de quelques rôles (théâtralisation). Elle développe la construction du sens d’un conte présenté oralement, à partir d’un relevé de ses indices narratifs et linguistiques. Elle peut favoriser une comparaison avec des contes étudiés en classe de créole. |
séance 2 L’organisation d’un conte fantastique | Cette séance porte sur l’étude d’un conte fantastique haïtien « le peintre Touo Lan » : ses caractéristiques, par rapport à un conte merveilleux, son schéma narratif et le lexique approprié à ce type de discours. |
séance 3 Les caractéristiques linguistiques et discursives d’un conte fantastique | Les savoir-faire développés dans la séance précédente seront consolidés à partir de l’étude d’un autre exemple de conte fantastique dans ses caractéristiques linguistiques et discursives. |
séance 4 L’emploi du passé simple | Au cours de cette séance, l’apprenant est appelé à repérer les verbes conjugués au passé simple, à identifier ses valeurs et à les employer dans des phrases. |
séance 5 Production d’un conte court | En mobilisant les acquis des séances précédentes, l’élève rédigera un conte merveilleux court qu’il gardera dans son portfolio. |
Support et matériel
Des exemples de contes merveilleux et fantastiques.
Modalités d’évaluation :
Evaluation initiale (pour vérifier les prérequis) :
Lis attentivement l’extrait suivant puis remplis le tableau qui suit.
« Le regard du chef d’orchestre s’est posé sur Rachelle, paralysée de curiosité. Il a fait un bref mouvement avec sa baguette et le chant a cessé. Rachelle a vu que le chef était le seul homme blanc à bord ; les six rameaux étaient noirs.
Ohé Narcisse ! cria-t-il poliment.
À quoi rime tout ce passage ? demanda gaiement Rachelle. Êtes-vous la chorale de l’asile qui se serait échappée ? »
Verbes introducteurs | Discours direct | Verbes au passé composé |
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Evaluation finale (bilan) et critères/indicateurs de réussite :
Critères
Pertinence de la production (ce qu’il rédige est bien un conte merveilleux)
Cohérence de la production
Emploi du lexique approprié au conte
Originalité de la production
Indicateurs
L’élève lit expressivement un conte
Il joue certains rôles des personnages du conte
Il identifie correctement les caractéristiques d’un conte
Il élabore la fiche de lecture d’un conte
Il emploie correctement des formes grammaticales et lexicales appropriées
Prolongements éventuels
Lecture d’autres contes, appartenant à des cutures différentes.
Comparaison d’un conte en français et d’un conte en créole.
Différenciation et adaptation aux élèves à besoins éducatifs particuliers
À l’oral, l’enseignant réservera une attention particulière aux élèves ayant des difficultés de prononciation, d’articulation ou d’expression lors de la lecture (leur faire faire des exercices de discrimination phonétique en rapport avec leurs problèmes).
Mise au point pour l’enseignant
Le conte est un genre littéraire qui a des origines orales. C’est un récit court qui raconte des faits irréels ou invraisemblables,
Ceux-ci se déroulent souvent dans des lieux imaginaires et à une époque très ancienne. On distingue différents types de conte : le conte merveilleux, fantastique, philosophique...
Le conte se caractérise par un schéma narratif comprenant :
une situation initiale marquée une certaine stabilité ou un équilibre habituel ; le temps utilisé est en général l’imparfait ;
un événement qui perturbe et interrompt cet équilibre ; le temps utilisé est en général le passé simple. Le personnage ou le héros entre dans un univers imaginaire, irréel et même magique (le monde merveilleux) ; il va connaître des péripéties difficiles et doit passer différentes épreuves. Certains personnages ont des pouvoirs surnaturels ou possèdent des objets magiques.
une situation finale qui connait un nouvel équilibre.
Le conte fantastique est un récit qui raconte des événements inexplicables dans un milieu familier. Il mêle à la fois le réel et l’irréel. Il se caractérise par des phénomènes étranges et surnaturels qui se produisent dans un cadre réaliste. Il provoque la peur, l’angoisse, voire l’horreur (avec l’apparition de fantômes ou de revenants et la description d’endroits tristes, retirés et ténébreux). Le moment où l’auteur brise le réel pour y insérer des éléments fantastiques est appelé : « transgression ».
Séance 1. Lire un conte merveilleux⚓
Supports et matériel
Un conte merveilleux : « le pêcheur et le dragon », si possible enregistrement du conte.
Déroulement de la séance
Etape | Durée | Ce que fait l’enseignant | Ce que fait l’élève |
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Temps 1 Vérification des prérequis | 5 min | L’enseignant propose le test de l’évaluation diagnostique (voir en haut). Il procède aux corrections. | Les élèves rédigent les exercices proposés dans l’évaluation diagnostique. |
Temps 2 Mise en situation sur le genre « conte » | 15 min | L’enseignant écrit le titre et reproduit ou montre l’image du dragon ; il demande aux élèves de faire des hypothèses sur le contenu et le genre du texte d’après ce titre et l’image. Il lit le conte puis demande aux élèves de vérifier leurs premières hypothèses. | Les élèves font des hypothèses à partir du titre et de l’image, puis comparent leurs hypothèses au contenu du conte, lu par l’enseignant. |
Temps 3 Les caractéristiques d’un conte et jeux de rôles | 20 min | Pour faciliter la compréhension, le professeur fait une seconde lecture et pose les questions suivantes.
L’enseignant fait jouer les rôles du pêcheur, du serpent du dragon et de la souris en imaginant ce qu’ils disent. | Réponses possibles :
|
Temps 4 Rapprochement avec des contes en créole | 10 min | Il engage une discussion amenant les élèves à comparer ce conte avec des contes étudiés en séance de créole : « citez des contes étudiés en classe de créole, citez des sujets de ces contes ». | Les élèves se rappellent un ou des contes étudiés au cours des séances de créole et parlent de certains points communs. |
Production attendue
Analyse des caractéristiques du conte
Présentation de jeux de rôles
Trace écrite pour l’élève
En écoutant un conte, il faut être attentif :
au début qui décrit une situation habituelle et réelle (situation initiale) ;
à un événement irréel qui interrompt cette situation et qui amène le personnage (le héros) à connaître différentes étapes difficiles (appelées « épreuves ») ;
à la fin heureuse du conte (situation finale).
Au cours de ces étapes, le personnage affronte des ennemis qu’il doit combattre et qu’il arrive à vaincre. Il peut être aidé par des personnes ou des animaux qui le sauvent.
Ce genre de conte est appelé « conte merveilleux ».
Séance 2. Lire un conte fantastique⚓
Supports et matériel
Le conte « Touo Lan ».
Déroulement de la séance
Etape | Durée | Ce que fait l’enseignant | Ce que fait l’élève |
---|---|---|---|
Temps 1 Vérification des prérequis | 5 min | L’enseignant demande aux apprenants ce que qu’ils savent sur le conte, ce qui fait la différence entre un conte merveilleux et un récit ordinaire. | Réponse possible :
|
Temps 2 L’organisation d’un conte fantastique | 25 min | Le professeur fait lire le texte préalablement distribué (lecture silencieuse, puis une lecture expressive par quelques élèves). Il propose les consignes suivantes :
L’enseignant fait travailler les élèves sur le lexique du fantastique, par un relevé à partir du conte et d’autres mots ou expressions de ce champ lexical. Il les fait utiliser dans des phrases ou dans un court paragraphe. | Réponses possibles : au pays des Taï. – Autrefois
|
Temps 3 Récapitulation des caractéristiques du conte | 10 min | L’enseignant consolide la compréhension du conte fantastique en explicitant son schéma narratif, par les questions suivantes : Dans le schéma narratif,
| Réponses possibles :
|
Temps 4 Restitution et bilan | 15 min | L’enseignant initie les élèves à préparer une fiche de lecture de ce conte, qu’ils peuvent conserver dans un portfolio (voir le contenu de cette fiche ci-dessus dans « stratégies d’enseignement et d’apprentissage). | Les élèves préparent la fiche selon les indications données par l’enseignant. |
Trace écrite pour l’élève
Un récit fantastique présente des événements irréels qu’on ne peut pas expliquer. Les faits réels et irréels se rencontrent.
Le personnage du conte mène une vie normale (situation initiale). Mais, soudain, un phénomène étrange transforme sa vie et provoque le doute et la peur chez lui. Il accomplit des actions pour retrouver l’équilibre dans sa vie (les péripéties).
Le monde irréel du conte met le personnage dans un état d’inquiétude et de grande peur.
Ce monde est plein de mystères que ni la raison ni la science ne peuvent résoudre.
Séance 3. Lire un conte fantastique (2)⚓
Supports et matériel
Reproductions du texte : « Une intrusion fantastique ».
Déroulement de la séance
Etape | Durée | Ce que fait l’enseignant | Ce que fait l’élève |
---|---|---|---|
Temps 1 Vérification des prérequis | 5 min | L’enseignant vérifie les prérequis avant l’étude d’un autre conte fantastique : comment savez-vous qu’un récit est un conte fantastique ? | Réponse possible : un récit qui présente des événements irréels et inexplicables ; il fait peur en le lisant... |
Temps 2 Les caractéristiques du conte fantastique | 25 min | Le professeur fait lire le texte : « une intrusion fantastique », en facilitant une lecture expressive. Il pose les questions suivantes pour développer la compréhension.
Le professeur fait travailler les élèves sur le lexique de la peur à partir de relevés dans le texte :
Il enrichit ce vocabulaire par d’autres mots ou expressions relatifs à ce lexique : avoir peur, être peureux, crainte, épouvante, angoisse, avoir des frissons... | Les élèves lisent le texte de façon expressive (ils marquent les signes de ponctuation, ils utilisent un ton grave en lien avec une atmosphère de peur). Réponses attendues :
Les élèves répartis par groupe de 3, répondent ainsi :
|
Temps 3 Discussion sur le récit fantastique | 20 min | Le professeur organise une discussion sur les récits fantastiques : « avez-vous lu ou entendu des histoires qui font peur ? avez-vous vu un film qui fait peur ? que pensez-vous de ces histoires ? | Les élèves participent à la discussion en évoquant leurs expériences personnelles. |
Séance 4. L’emploi du passé simple⚓
Supports et matériel
De courts textes
Déroulement de la séance
Etape | Durée | Ce que fait l’enseignant | Ce que fait l’élève |
---|---|---|---|
Temps 1 Lecture et observation du texte | 5 min | Le professeur copie cet extrait au tableau ; il le fait lire par les élèves et leur demande de repérer les verbes du texte. « Tout à coup, pris d’un besoin soudain de me dégourdir les jambes, Margot me regarda d’un air intrigué. Je marchai de long en large dans la pièce en tentant de faire disparaitre ces fourmis qui avaient envahi mes jambes. Je sautai et fis un brin de jogging sur place. Mon amie, devant ce ridicule spectacle pouffa de rire. Encore aujourd’hui, je comprends mal ce qui me prit à ce moment- là ! » | Les élèves lisent le texte et font le repérage en citant certains verbes, comme : lever, prendre, regarder, marcher… |
Temps 2 Description et emploi du passé simple | 35 min | Le professeur propose les consignes suivantes :
Comment les actions au passé simple sont-elles présentées ? Le professeur présente les consignes suivantes qui permettent de trouver les valeurs du passé simple et de l’employer dans des phrases.
| Réponses attendues :
Les élèves travaillent les exercices proposés en donnant les réponses suivantes : 1.
2. Reprit ; déferla ; vint ; se laissa. |
Temps 3 Correction | 10 min | Pour clore cette séance, l’enseignant propose aux élèves de s’inspirer de la trace écrite pour corriger les exercices. | Les élèves corrigent les exercices en s’inspirant de la trace écrite. |
Trace écrite pour l’élève
Le passé simple de l’indicatif est un temps qui indique une action achevée du passé, le plus souvent une action brève.
De nos jours, le passé simple est peu employé à l’oral. Mais son usage demeure courant dans les récits écrits au passé (tu as vu qu’il est utilisé dans le conte pour indiquer un événement qui interrompt une situation habituelle).
Les terminaisons du passé simple.
Les verbes en er se terminent par : ai – as – a – âmes – âtes – èrent.
Les verbes en ir, oir, re se terminent par : is – is – it – îmes – îtes – irent ou us – us – ut – ûmes – ûtes – urent.
Exemples : j’attendis, tu vis, il sortit ; je su, tu bus, il courut.
Les verbes tenir, venir et leur dérivé se terminent par : ins – ins – int – înmes – întes – inrent.
Exemples : je vins, tu parvins, il devint.
Séance 5. Produire un conte court⚓
Supports et matériel
Une situation pour la production d’un conte
Déroulement de la séance
Etape | Durée | Ce que fait l’enseignant | Ce que fait l’élève |
---|---|---|---|
Temps 1 Vérification des prérequis | 5 min | L’enseignant annonce le projet d’écriture d’un conte bref en demandant aux élèves la façon de produire un conte merveilleux : les étapes, les personnages, les objets magiques. | Les élèves mobilisent les acquis des séances de lecture concernant les caractéristiques d’un conte. |
Temps 2 Travail de planification de la production | 15 min | L’enseignant propose la consigne de la situation suivante : « Votre école organise le concours du meilleur conte merveilleux. Vous voulez y participer. Rédigez ce conte de 15 à 20 lignes. Vous choisissez la mer, la forêt, ou la montagne, comme lieux d’action des personnages ». L’enseignant aide les élèves à préparer leur production lors d’une discussion qui peut leur donner des idées : « de quoi allez-vous parler dans vos contes, quelles sont les parties de vos textes ? Qui sont vos personnages ? donnez des exemples d’événements irréels... | Les élèves participent à la discussion en présentant quelques éléments à utiliser dans leurs productions individuelles. |
Temps 3 Production individuelle | 20 min | L’enseignant supervise la production des élèves. | Les élèves lisent attentivement la consigne de l’enseignant et passent à la rédaction. |
Temps 4 Restitution et correction | 10 min | L’enseignant demande à 2 ou 3 élèves de lire leurs productions ; il demande aux élèves d’évaluer ces productions en discutant avec eux les indicateurs à utiliser, par exemple :
| 2 ou 3 élèves lisent leurs productions ; d’autres élèves essaient d’apporter quelques corrections à partir d’indicateurs simples discutés avec l’enseignant. |
Production attendue
Production d’un conte merveilleux bref de 15 à 20 lignes.
Trace écrite pour l’élève
Pour écrire un conte :
Tu choisis un personnage ou un animal qui sera le héros du conte ;
Tu décris une situation initiale (début du conte), les actions et les dangers rencontrés (les épreuves) ;
Tu parles des autres personnes ou animaux (amis ou ennemis) ;
Tu décris la nouvelle situation après ces épreuves (situation finale) ;
Tu utilises l’imparfait pour le début, le passé simple pour présenter les actions brèves et limitées dans la durée ;
Tu utilises le vocabulaire de la magie et de l’irréel.
Annexes⚓
Annexe 1. Texte 1, séance 1 : « Le pêcheur et le dragon »
Il était une fois un pêcheur qui vivait dans une cabane. Tous les matins, il allait pêcher pour nourrir sa famille. Un jour, alors qu'il remontait son filet, il attrapa une clé qui brillait. Il partit dans une bibliothèque pour se renseigner sur la clé. Il prit un livre dans lequel il trouva à quoi elle servait. Dans ce livre, il y avait un article qui parlait d'un coffre qui était dans une forêt. Il se dirigea donc vers la forêt. Quand il y entra, il vit que c'était un labyrinthe. Très vite, il se rendit compte qu'il était perdu. Mais soudain il vit le coffre. Il l'ouvrit : à l'intérieur il y avait une carte qui indiquait comment trouver un autre coffre plein d'or. Mais un serpent apparut et lui dit : « Tu ne sortiras pas vivant d'ici. » Le pêcheur prit la carte et ne l'écouta pas. Il chercha la sortie du labyrinthe avec l'aide d'une petite souris qu'il avait rencontrée en chemin. Mais le serpent les poursuivit et voulut les manger. Le pêcheur s'échappa grâce à la souris qui elle, malheureusement, se fit dévorer. Une fois sorti du labyrinthe, il regarda la carte. Elle disait que l'autre coffre était caché dans la montagne où le dragon habitait. Alors il partit à la recherche de sa grotte. Il la trouva, y entra et vit le monstre endormi. Mais le coffre était derrière lui. L'homme marcha par accident sur une pierre et le dragon se réveilla. Il se cacha mais la bête le sentit. Alors il prit son couteau de pêcheur et il l'affronta courageusement. Il lui transperça le cœur, prit le coffre et s'en alla. Un fois rentré chez lui, il ouvrit le coffre et à l'intérieur il découvrit beaucoup d'or. Alors, il s'acheta une nouvelle maison et y vécut heureux avec toute sa famille.
Jean-François Enrick et Matteo Prudhon.
Annexe 2. Séance 2 : « Le peintre de Touo Lan »
Au pays des Taï vécut autrefois un peintre nommé Touo Lan. C’était un vieil homme maigre, aux longs cheveux lisses et blancs, au regard vif. Il habitait une cabane de bambou, au bout d’un sentier tracé dans l’herbe haute, à la lisière de son village. Il sortait rarement de chez lui. De temps en temps, il allait au marché, il faisait quelques provisions, puis il s’asseyait à l’ombre sur un banc et, les yeux plissés, il observait les gens. Il restait ainsi une heure ou deux, immobile, puis il rentrait chez lui. Alors il disposait sur la table ses pinceaux et ses encres, et il se mettait à peindre, sur une feuille de papier, de soie ou de bois. Il peignait chaque jour sept visages. Son travail l’absorbait tant qu’il n’entendait ni le vent, ni la pluie, ni les oiseaux. A la fin de la semaine, il accrochait sept fois sept visages aux murs de sa maison. Il les contemplait longuement, la tête penchée de côté, des mains derrière le dos et secrètement se réjouissait.
Or, une nuit, il entend frapper à sa porte. Il est tard mais il travaille encore, penché sur son labeur à la lueur d’une bougie. Dehors l’orage gronde, les éclairs déchire le ciel noir, la bourrasque hurle.
Qui est là ? dit Touo Lan, sans même lever le front.
Je suis la Mort, répond une voix forte, derrière la porte. Je viens te chercher. Le vieil homme se lève en ronchonnant, il va ouvrir. Une nuée de feuilles mortes, une bouffée de pluies s’engouffrent dans la pièce. Sur le seuil se tient un personnage vêtu de noir, au visage d’ombre.
Entre, dit Touo Lan. Assieds-toi.
Il désigne une chaise dans un coin : « Il faut que j’achève de peindre le visage de cette fillette que j’ai rencontré hier au marché du village. »
Il tourne le dos à la Mort et se remet au travail. La Mort, sa longue faux rouillée dans sa main gauche, s’approche de Touo Lan. Sous le pinceau du vieillard apparait une jeune fille radieuse, qui sourit. La Mort regarde, bouleversée : elle connait toutes les grimaces du monde mais n’a jamais vu un sourire humain. Elle n’ose plus, tout à coup, abattre sa main squelettique sur la nuque de Touo Lan. Elle s’éloigne confuse, à pas discrets et dans la nuit noire, traversant la tempête, elle remonte au ciel.
Francis Turnier, J’apprends le français, Lexique-Textes-Grammaire 9e
Annexe 3. Séance 3 : « Une intrusion fantastique »
L’heure sonna, dehors, à l’église, dans le vent nocturne.
Qui est là ? demandai-je, à voix basse.
La lueur s’éteignit : j’allais m’approcher…
Mais la porte s’ouvrit largement, lentement, silencieusement.
En face de moi, dans le corridor, se tenait, debout, une forme haute et noire – un prêtre, le tricorne[1] sur la tête. La lune l’éclairait tout entier, à l’exception de la figure : je ne voyais que le feu de ses deux prunelles qui me considéraient avec une solennelle fixité.
Le souffle de l’autre monde enveloppait ce visiteur, son attitude m’oppressait l’âme. Paralysé par une frayeur qui s’enfla instantanément jusqu’au paroxysme, je contemplai le désolant personnage en silence.
Tout à coup, le prêtre éleva le bras, avec lenteur, vers moi. Il me présentait une chose lourde et vague. C’était un manteau. Un grand manteau noir, un manteau de voyage. Il me le tendait, comme pour me l’offrir !…
Je fermai les yeux pour ne pas voir cela. Oh ! Je ne voulais pas voir cela ! Mais un oiseau de nuit, avec un cri affreux, passa entre nous, et le vent de ses ailes, m’effleurant les paupières, me les fit rouvrir. Je sentis qu’il voltait par la chambre.
Alors, - et avec un râle d’angoisse, car les forces me trahissaient pour crier, - je repoussai la porte de mes deux mains crispées et étendues et je donnai un violent tour de clé, frénétique et les cheveux dressés. Chose singulière, il me sembla que tout cela ne faisait aucun bruit.
Auguste VILLIERS DE L’ISLE-ADAM, Contes cruels, 1883.
[1] Tricorne : chapeau à trois bords repliés