Cette séquence, centrée sur l’utilisation de la force de travail servile dans l’économie de plantation est à concevoir en lien direct avec la séquence sur les circuits de la traite africaine et atlantique et le système de l’exclusif qui a fait la richesse des ports français, ainsi qu’avec les séquences suivantes sur les résistances, les révoltes et les marronnages, la Révolution et les luttes de libération et d’indépendance. La principale difficulté de cette séquence réside dans les sources et les documents que le professeur peut proposer aux élèves ou leur faire rechercher (voir les « Supports »).

Tout en centrant l’étude sur la partie française de la colonie de Saint-Domingue, il convient de l’ouvrir à la comparaison avec les autres îles des Caraïbes, de l’Océan Indien et des Amériques portugaise, espagnole, française, hollandaise et britannique. Il s’agit de construire avec les élèves une analyse critique précise des sources et de leur exploitation historique prenant en compte leurs contextes et leurs conditions de production et de mener avec eux une analyse approfondie du vocabulaire, le sens et surtout l’emploi des mots ayant pu changer depuis les XVIe-XVIIIe siècles. L’objectif de la séquence est de montrer que l’économie de plantation - certains historiens proposent aujourd’hui de remplacer le terme « plantation » par « camp de travail esclavagiste » - est fondée sur la traite transatlantique et l’esclavage des Africains ; qu’elle est indissociable de la violence faite aux hommes, aux femmes et aux enfants et des nécessaires révoltes ; qu’elle relève de la domination coloniale selon une exploitation de type mercantiliste, où les colonies sont fondées pour l’utilité exclusive de la métropole et la croissance de son économie par une balance commerciale excédentaire ; que les sociétés, dans les iles, comme dans la métropole, se pensent et s’organisent selon des critères raciaux. Enfin, le professeur intéressera les élèves à la mémoire - et, selon le niveau de la classe, à quelques éléments de l’historiographie contemporaine - de la traite, de l’esclavage (commémorations, monuments, musées, lois et textes internationaux…) et des racismes, à leur place dans la littérature - y compris la littérature de jeunesse -, les arts plastiques, la musique, le cinéma, les séries, la bande dessinée.

La séquence a nécessairement une dimension interdisciplinaire : l’égalité et le respect de l’autre, le racisme, les formes contemporaines d’esclavage, l’économie de domination, les conséquences de la traite et de l’esclavage dans les sociétés contemporaines, les langues (langues autochtones, langue du colonisateur, créole, pidgin), l’onomastique (noms de personnes et noms de lieux). Par ailleurs, elle ne se conçoit pas, dans un cadre interdisciplinaire, sans une étude approfondie de la façon dont la littérature, les arts plastiques, la musique, la religiosité, la cuisine ont été marqués par une histoire dont on explorera la créativité contemporaine.

Les démarches proposées reposent sur des documents qu’il conviendra de remplacer, d’adapter ou de modifier selon les ressources locales et leurs possibilités d’accès (vestiges archéologiques, gravures, textes d’archives, monuments, musées…). L’objectif de la séquence est d’articuler au quotidien l’histoire générale et l’histoire locale, elle ne se conçoit donc que comme un exemple possible.

Comme il a été dit en introduction, la séquence est à penser, à concevoir et à mettre en place en interrelation étroite avec d’autres séquences d’histoire, de géographie, d’éducation à la citoyenneté de 7e, 8e et 9e année et des mêmes disciplines et de l’économie dans le secondaire dans l’optique d’un approfondissement des compétences, tant en ce qui concerne les savoirs et les savoir-faire que les savoir-être, séquences liées, entre autres, aux contenus suivants :

  • les conquêtes et les colonisations européennes, les décolonisations, les économies coloniales et post-coloniales

  • les sociétés coloniales fondées sur l’esclavage

  • les États africains, le monde de l’islam, les traites transsahariennes et transatlantiques, les traites et l’esclavage dans l’Océan Indien

  • le siècle des Lumières et les mouvements pour l’abolition de la traite et de l’esclavage

  • les luttes des esclaves et les abolitions de l’esclavage

  • les révolutions et les indépendances

  • les esclavages contemporains

  • le racisme et l’antiracisme

  • le commerce international contemporain, les modes alimentaires et la consommation de produits tropicaux en Europe et dans le monde

  • les acclimatations de plantes dans les jardins d’essai coloniaux pour le développement de l’agriculture industrielle

  • l’agriculture industrielle aujourd’hui.

Pour tenir compte des possibilités d’exploration et d’exploitation des ressources locales, les séances proposées dans cette séquence sont de durée variable.

L’esclavage et l’économie de plantation