Située entre la séquence sur l’économie de plantation fondée sur la traite atlantique et l’esclavage et la séquence sur la révolution et les luttes d’indépendance, cette séquence est conçue comme un approfondissement des compétences dans la démarche historique. Selon le niveau de compétences acquis par les élèves dans le questionnement et l’interprétation de documents historiques, il pourra s’avérer nécessaire de revenir sur la méthode en s’appuyant sur les démarches proposées dans la séquence de 7e année « Faire de l’histoire » (téléchargeable sur le site de CANOPE).

La séquence a pour objectif de rechercher et de questionner la voix des esclaves et des « libres de couleur » dans le quotidien de leur résistance et de leur révolte. Dans une société inégalitaire où la très grande majorité de la population, privée de son identité, est désocialisée - et souvent déshumanisée - par l’exploitation et la contrainte par le travail, la parole des dominés dans la sphère francophone est souvent inaudible, il s’agit donc dans cette séquence de développer les compétences critiques de questionnement et d’interprétation de documents indirects permettant l’analyse des résistances, des révoltes et des marronnages, mais aussi des révoltes des colons contre la métropole.

Fondée sur des documents anciens, la démarche repose aussi sur une étude historique du vocabulaire. Pour ne prendre qu’un exemple, le mot « liberté » n’a pas le même sens dans les écrits du XVIIe siècle, dans ceux du siècle des Lumières et de la révolution, au XIXe siècle et aujourd’hui (voir l’analyse qu’en fait Franklin Midy entre « le parti des interprètes » et « le parti des enquêteurs »), son sens varie aussi selon les disciplines où il est employé.

La séquence s’inscrit aussi dans les débats sur les origines, les causes et les dynamiques de l’insurrection de la fin du XVIIIe siècle, de la révolution et des luttes d’indépendance qui ont fondé la nation et l’État haïtien. S’il n’est pas question d’entrainer les élèves dans ces débats, il s’agit cependant de développer des compétences sur la lecture et l’analyse des interprétations, de faire comprendre que la scientificité de l’histoire repose sur la construction présente d’un récit argumenté à visée de vérité sur le passé ; que ce récit est lui-même historiquement situé et dépend de son contexte de production, qu’il évolue donc en fonction des questions et des enjeux sociaux, des problématiques des mémoires et de leur interrogation.

L’objectif de la séquence est que non seulement les noms des acteurs, leurs actions individuelles et collectives, les noms de lieux, notamment locaux, et d’événements (Padrejean en 1679, Janot Marin et Georges Dollot en 1691, Colas Jambe Coupée en 1724, Orphée à Léogane en 1747, François Makandal dans les années 1740-1750…, le rassemblement du Quartier-Morin en 1697, du Maribaroux en 1720…) fassent sens pour les élèves, mais qu’ils deviennent le support d’un questionnement sur les dynamiques historiques.

Enfin, dans une démarche interdisciplinaire de projet, la séquence propose la mise en place de projets d’histoire de l’art (statuaire, monuments commémoratifs, musique, peinture, gravure, littérature…) et de projets artistiques (dessin, peinture, photomontage… exposition) évoquant les résistances, les révoltes, les marronnages et leurs mémoires.

Résistances, révoltes, marronnages