Cette, séquence est à penser, à concevoir et à mettre en place en interrelation étroite avec d’autres séquences d’histoire, de géographie, d’éducation à la citoyenneté de 7e, 8e et 9e année et des mêmes disciplines et de l’économie dans le secondaire dans l’optique d’un approfondissement des compétences, tant en ce qui concerne les savoirs et les savoir-faire que les savoir-être. Elle a nécessairement une dimension interdisciplinaire : le mouvement des idées, notamment aux XVIIIe et XIXe siècles, et les abolitions de la traite et de l’esclavage, l’égalité et le respect de l’autre, le racisme, les formes anciennes et contemporaines d’esclavage, l’économie de domination (sociétés coloniales et post-coloniales, néocolonialisme), les guerres coloniales et les luttes de libération nationale, les conséquences de la traite et de l’esclavage dans les sociétés passées et contemporaines, les langues (langues autochtones, langue du colonisateur, créole, pidgin), l’onomastique (noms de personnes et changements de noms de lieux pendant la période révolutionnaire), traces et lieux de mémoire locaux (Grande Rivière du Nord, Le Morne Rouge, Le Bois Caïman, Mirebalais, Les Platons, Le Cap, La Crête à Pierrot, Vertières, etc.). Les démarches proposées reposent sur des documents qu’il conviendra aussi de remplacer, d’adapter ou de modifier selon les ressources locales et leurs possibilités d’accès (vestiges archéologiques, gravures, textes d’archives, monuments, musées…). L’objectif de la séquence est d’articuler au quotidien l’histoire générale et l’histoire locale, elle ne se conçoit donc que comme un exemple possible.

Cette séquence est complexe, premièrement, parce que, inscrite dans le cadre des affrontements des empires coloniaux, des guerres et des révolutions atlantiques (entre autres la Révolution américaine et la naissance des États-Unis), elle nécessite une étude croisée de la Révolution française, de 1789 jusqu’à la fin de l’époque napoléonienne, des mouvements de libération dans les Antilles françaises, espagnoles et anglaises et de la Révolution haïtienne ; deuxièmement, parce que la question de la Révolution (y compris le mot même de « révolution ») et de l’indépendance haïtienne a donné lieu à d’importants débats historiographiques dans une histoire largement renouvelée depuis un peu plus d’une décennie ; troisièmement, parce que la victoire d’une nation et d’un État noirs sur une puissance coloniale blanche crée une onde de choc internationale qui, jusqu’à nos jours, traverse les débats – et les discriminations – raciaux. Pour tenir ensemble tous ces points, la séquence nécessite une attention particulière aux chronologies comparées et aux contextes historiques du vocabulaire employé, une attention aussi à qui parle, qui écrit et aux utilisations qui ont été faites de ces écrits à l’époque et depuis. Comme y invite Gabriel Debien dans Les esclaves aux Antilles françaises (p. 468), il convient ainsi d’être particulièrement attentif avec les élèves aux termes employés par les contemporains pour désigner les différents groupes d’acteurs, et plus particulièrement les libres et les esclaves en révolte, pour distinguer les révoltés des « marrons ».

Nous en tenant à l’historiographie la plus récente, la séquence est organisée en quatre périodes organisées en huit séances :

  • les insurrections (1791-1793)

  • l’émancipation républicaine (1793-1798)

  • le pouvoir louverturien (1798-1801)

  • les luttes pour l’indépendance (1802-1806)

Pour maîtriser les événements et les protagonistes de la Révolution, il est proposé, au cours de chaque séance, de noter les événements, les lieux et les personnages de façon à construire progressivement une chronologie, des cartes et un dictionnaire biographique qui serviront en permanence de référence. Ce dernier pouvant être enrichi par la suite de références à des commémorations (voir par exemple, dans la séquence de 9e année sur la dette d’indépendance, le discours de Jean-Bertrand Aristide du 7 avril 2003).

Histoire - La Révolution haïtienne (1791-1806)